(Photos) Dossier | Le Club de motocross de Baie-Comeau pris pour un dépotoir

Par Anne-Sophie Paquet-T. 6:35 AM - 21 mai 2024
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Plusieurs matériaux de construction faisaient partie des objets retrouvés dans le dépotoir clandestin du stationnement des visiteurs du Club de motocross de Baie-Comeau. Photo : Daniel Beaulieu

Le Club de motocross de Baie-Comeau a été l’hôte d’un dépotoir clandestin contre son gré. Le stationnement des visiteurs a été pris pour une véritable poubelle à ciel ouvert. 

C’est lors de la fonte des neiges que le Club a eu cette mauvaise surprise. Asphalte, matériaux de construction, béton, bois, briques, filages, encombrants et carcasses de bêtes sauvages se sont retrouvés dans le stationnement des visiteurs de l’organisme à but non lucratif sur le chemin du Lac Salé à Baie-Comeau. 

« Je trouve cela déplorable qu’en 2024, les gens aillent jeter encore leurs déchets dans le bois », dénonce Daniel Beaulieu, président du Club motocross de Baie-Comeau.

M. Beaulieu s’est tourné vers la MRC Manicouagan et a demandé de l’aide à la Ville de Baie-Comeau. 

Les déchets et matériaux ne pouvaient pas se déplacer avec l’aide de quelques bénévoles seulement en raison de leur quantité et de leur poids. 

« Ça prenais un dix roues et un chargeur », précise le bénévole ajoutant que les coûts reliés à ce déchargement à l’écocentre ne permettaient pas à l’organisme d’être en mesure de payer des centaines, voir des milliers de dollars pour cette situation qu’il n’a pas choisie.

Puisque l’organisme est situé sur un terrain privé du territoire non organisé de la Manicouagan et qu’il paie des taxes à la Ville de Baie-Comeau, il était difficile pour M. Beaulieu de savoir qui pouvait l’aider.

Il a finalement reçu la confirmation que la Ville de Baie-Comeau prendrait en charge cette fâcheuse situation. 

« Nous allons accueillir des centaines de personnes de toute la province à la fin juin pour notre championnat. Tous les visiteurs auraient vu ce dépotoir à leur arrivée », se désole le président du Club. 

La ville de Baie-Comeau à la rescousse 

Pierre-Olivier Normand, agent aux communications pour la Ville de Baie-Comeau, mentionne que la situation du Club de motocross de Baie-Comeau était « fâchante ». Il assure au journal Le Manic que la Ville tente de conscientiser la population en collaboration avec la Régie de gestion des matières résiduelles de la Manicouagan (RGMRM) pour éviter ce genre de problématique.

L’instance municipale aidera donc l’organisme de façon exceptionnelle afin de rapidement prendre en main ce dépotoir illégal. 

Un service accessible ?

Daniel Beaulieu ne rejette pas la faute sur personne. Par contre, il soulève un point. L’écocentre situé à la RGMRM est selon lui sous-utilisé par la population. « Il y a quelque chose qui fait en sorte que les gens ne l’utilisent pas, même si c’est à ça que ça sert et qu’on paie des taxes pour ce service », dénonce-t-il.

M. Beaulieu se demande si c’est une question d’horaire. Il ajoute que pour les entreprises peut-être que la réglementation est trop stricte par rapport au maximum de poids autorisé annuellement et que les tarifs entrent en ligne de compte. Il s’agit d’une piste de réflexion pour expliquer les dépotoirs non autorisés qui se retrouvent sur le territoire de la Manicouagan.

La MRC

Du côté de la MRC de Manicouagan, Philippe Poitras, directeur de la gestion foncière confirme que ce genre de dépotoir n’est pas commun. Les secteurs du Chemin de la scierie et de la carrière de Manic-1 sont, selon lui, les deux endroits les plus problématiques. Certains villégiateurs ont l’autorisation d’y déposer leurs déchets et matières recyclables. Par contre, la MRC se retrouve parfois avec quelques plaintes puisque d’autres croient que c’est un écocentre, ce qui n’est pas le cas.

Un comportement très coûteux 

Que vous vous sentiez interpellés par ce genre de situation ou non, sachez que les conséquences environnementales et économiques sont importantes. Polluer ça coûte cher, très cher. 

Pierre-Olivier Normand de la Ville de Baie-Comeau rappelle que le même genre de situation s’est déroulée l’an dernier. 

« Nous avons sorti plusieurs tonnes de matériaux », explique-t-il faisant référence au secteur de la rue Robin. 

L’action entreprise par la Ville a coûté approximativement 25 000 $. « C’est l’argent de tout un chacun qui doit partir pour des actions de quelques-uns », lance M. Normand.

L’agent aux communications soutient que c’est une situation rarissime, mais que ça ne devrait tout de même pas avoir lieu.

Philippe Poitras à la direction de la gestion foncière de la MRC de Manicouagan confirme aussi que c’est exceptionnel. Il rappelle cependant les coûts importants reliés à ces évènements.

« En 2016, un immense dépotoir clandestin au nord de la centrale Manic-5 avait coûté plus de 100 000 $ », se souvient-il ajoutant que c’est le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles qui avait pris ce dossier en main à l’époque.

La disponibilité de la régie 

Les résidus domestiques dangereux, le bois, le métal et les encombrants peuvent être déposés dans un système de conteneurs dans chacun des trois écocentres de la Manicouagan. 

Un maximum de trois tonnes par résidence est accepté annuellement, et ce, peu importe le point de dépôt utilisé. Tout excédent sera facturé à 90,91 $/tonne.

Isabelle Giasson, directrice générale de la Régie de gestion des matières résiduelles de la Manicouagan (RGMRM) précise qu’en 2023, il y a eu plus de 26 799 entrées enregistrées et près de 4 000 tonnes ont été prises en charge par la RGMRM. Selon ses données, seulement 50 citoyens ont dépassé les trois tonnes gratuites.

Une possibilité de se rendre dans un des trois points de dépôt peut se faire tous les jours de 8 h à 17 h. « Nos services sont connus et utilisés par les citoyens », rassure Mme Giasson. 

L’évènement du Club de motocross de Baie-Comeau est selon elle une question d’éducation et d’habitude et non un manque de disponibilité des services de la RGMRM.

Pour les entreprises en construction, ils font habituellement affaire avec des compagnies de transformation des métaux et la tarification qui s’y rattache est calculée dans leur année d’opération.

Des objets de toutes sortes ont été jetés dans ce dépotoir illégal. Photo : Daniel Beaulieu
Des carcasses d’orignaux étaient éparpillées aussi dans le stationnement. Photo : Daniel Beaulieu
Photo : Daniel Beaulieu
Photo : Daniel Beaulieu
Photo : Daniel Beaulieu

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